Implanté en pleine forêt, à 5 kilomètres des usines de Sochaux, le Centre technique de Belchamp est l’un des principaux sites de développement et d’expérimentation du Groupe PSA.

Installé depuis 1969 dans le pays de Montbéliard, berceau de la marque au Lion, le Centre technique de Sochaux-Belchamp est l’un des quatre pôles français destinés à l’étude et la recherche automobile du constructeur PSA Peugeot Citroën. Il accompagne ceux de La Garenne-Colombes (Centre Technique d’Études de Recherches et d’Essais fondé en 1947), de Vélizy créé en 1966 et de Carrièressous-Poissy datant de 1970.

À l’instar de la plupart des constructeurs automobiles, Peugeot dispose depuis la fin des années 1960 de son propre service d’essais destiné à développer les prototypes de ses futurs véhicules et les améliorer lorsqu’ils sont déjà en production. Son principal centre technique est situé dans le Doubs, à quelques kilomètres seulement des usines Peugeot de Sochaux, plus précisément sur le lieu-dit Belchamp qui se trouve à cheval sur les communes de Voujeaucourt et de Valentigney, au sud de l’agglomération de Montbéliard. Valentigney est le berceau de l’histoire de l’automobile où les Peugeot, d’abord artisans, puis industriels, se sont installés dès le milieu du 18e siècle.

La piste d’essais comprend un anneau relevé ou «banking», analogue à celui du circuit de Montlhéry et indispensable pour les essais à haute vitesse.

© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Peugeot

Un site vaste et discret

Pionnier de l’industrie automobile, Peugeot a également été l’un des premiers constructeurs au monde à disposer d’une piste d’essais privée. Le rôle de celle-ci est d’éprouver au maximum un prototype automobile, parfois jusqu’à sa destruction, afin d’assurer de façon optimale ensuite la construction du modèle en grande série. Pour cela, il faut recréer les conditions les plus difficiles auxquelles sera confronté un véhicule dans son utilisation quotidienne. Tous ces développements doivent par ailleurs se faire en toute discrétion afin de garder confidentielles certaines techniques de fabrication. C’est pourquoi le complexe technique de Peugeot de Belchamp se situe au beau milieu des bois, à l’abri des regards, tout comme les autres sites d’essais du Groupe PSA à La Ferté-Vidamme en Eure-et-Loir depuis 1938 (Citroën) et à Mortefontaine dans l’Oise ; site détenu par Peugeot jusqu’en 1988. Le Centre technique de Belchamp s’étend sur 450 hectares et comprend un total de 36 kilomètres de pistes d’essais. Jusqu’à 1 200 employés y travaillent en permanence et chaque année les voitures conçues par Peugeot et Citroën y parcourent en moyenne 11 millions de kilomètres, soit 275 fois le tour de la Terre ! 

Pendant des centaines d’heures et sur des milliers de kilomètres, les voitures du Groupe PSA sont soumises à rude épreuve sur les différentes pistes du site de Belchamp. 

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Les réalités de la circulation

Pour réaliser des essais de roulage dans des conditions variées, trois installations principales sont présentes sur le site. Un premier circuit, dit «piste sèche», long de 2,16 km est revêtu d’un enrobé semblable à celui utilisé sur la majorité du réseau routier. Toutefois, dans certains de ses virages, des plaques de verre y ont été placées afin de reconstituer les conditions difficiles d’une route verglacée. Un second circuit, développé sur 1,88 km et dénommé «piste humide», est doté d’un revêtement peu adhérent et arrosé en permanence afin d’y maintenir une couche d’eau d’un millimètre. Ceci pour reconstituer les conditions de circulation les plus éprouvantes et étudier le comportement d’un véhicule victime d’aquaplaning par exemple. Enfin, une piste baptisée «synthèse et comportement» a été créée pour développer tout ce qui concerne la sécurité active d’un véhicule comme les premiers systèmes de freinage assisté par ABS et plus récemment l’ESP (Programme électronique de stabilité) ou encore l’ASR (Système anti-patinage).

Sur cette vue aérienne, on distingue la piste d’endurance (à gauche) sur la commune de Voujeaucourt et l’anneau de vitesse (à droite) situé sur Valentigney, ainsi que le Doubs au premier plan et Montbéliard au loin.

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À rude épreuve

La circulation urbaine est particulièrement usante pour la mécanique et un circuit «ville» a très tôt été mis en service avec un réseau reconstitué de 7,3 kilomètres comprenant des panneaux de limitation de vitesse, des feux rouges et des panneaux stop. On y trouve également deux ronds-points et des parkings pour effectuer des manœuvres, ainsi que des trottoirs hauts de 15 cm sur lesquels les roues et les pneus vont se détériorer comme dans la réalité... Pour parachever la mise au point d’un nouveau modèle, ce dernier va subir un test de corrosion accélérée au cours duquel vont s’alterner des séances de roulages de milliers de kilomètres sur piste gravillonnée, des passages de gués en eau boueuse et salée, ainsi que des séjours en chambres chaudes et humides pendant des centaines d’heures... Ses suspensions seront également maltraitées sur un banc à rouleaux, tandis que les bruits et vibrations générés par sa mécanique sont méticuleusement analysés dans une chambre anéchoïque, ou sourde, présentant des conditions acoustiques neutres, ceci afin d’améliorer le confort sonore dans l’habitacle.

Le Centre de Belchamp ne cesse de s’adapter aux nouvelles exigences en termes d’environnement et de sécurité afin de maintenir PSA au plus haut niveau face à la concurrence.

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Crash-tests

Parmi les nombreux équipements dont dispose le Centre de Belchamp, on trouve une aire de crash-test comprenant trois zones d’expérimentation. La première est un mur de choc permettant de simuler l’impact d’un véhicule contre un obstacle fixe. Le mur et le véhicule sont équipés de nombreux instruments pouvant mesurer l’ensemble des efforts au moment du choc. Il est complété par un dispositif d’analyse du choc d’un chariot lancé à pleine vitesse contre un véhicule à l’arrêt. Le troisième équipement est destiné à étudier les dommages provoqués aux passagers lors d’un choc frontal, grâce à des mannequins dotés d’une centaine de capteurs. Le Centre de Belchamp réalise jusqu’à 400 Crash-tests par an pour l’ensemble des marques du groupe.

Les pneumatiques à l’épreuve

Afin de déterminer le choix optimal d’un type de pneumatique pour un nouveau modèle Peugeot, le Centre technique de Belchamp dispose de trois bancs d’essais spécifiques qui étaient initialement installés sur le site de La Garenne-Colombes. Ces machines sont chargées de tester la résistance structurelle du pneu à des transferts de charges importants lors de l’accélération et du freinage, dans les virages, ainsi que sa déformation liée aux bosses et trous sur le revêtement. Un pneu est testé pendant deux jours durant lesquels il est éprouvé sur un banc de résistance au roulement (BRR), un banc de mesure raideur statique (BRS) et une machine baptisée Flat-Trac permettant de mesurer l’absorption des vibrations.