Au cours des années 1950, la Peugeot 203 s’est illustrée dans de nombreuses compétitions de premier plan comme les 24 Heures du Mans ou le Rallye de Monte-Carlo.

Dès son lancement en janvier 1949, la Peugeot 203 suscite des vocations sportives et de nombreux préparateurs l’utilisent comme base pour leurs créations. À côté de la plus connue, la Darl’Mat Sport, on trouve les modèles d’Alexis Constantin, mais aussi les barquettes Barbier, Calès, ainsi que les coachs conçus par Dubois, Martin ou Frua. Côté moteur, certains ateliers de mécanique sportive se feront une belle réputation en améliorant les performances du petit quatre cylindres d’origine.

Ainsi, de nombreux préparateurs se penchent sur le moyen d’augmenter la puissance du moteur de la Peugeot 203. Il s’agit d’en modifier l’alimentation (tubulures d’admission assurant un meilleur remplissage, carburateur plus gros ou double), mais aussi la culasse, afin d’augmenter le taux de compression (polissage des chambres, agrandissement des sièges de soupapes, ressorts plus performants) ainsi que l’échappement grâce à des collecteurs spéciaux. Les spécialistes de ces transformations ont pour nom Autobleu, Speed, Nardi, Iandelli ou Darl’Mat. D’autres, comme Eugène Martin, interviennent sur la mécanique interne du moteur, n’hésitant pas à en augmenter la cylindrée et à remplacer les pistons et l’embiellage d’origine par des pièces en alliages spéciaux.

 Un demi-siècle après sa sortie, la 203 séduit les amateurs de véhicules de courses historiques, comme cette 203 C de 1955 vue à Goodwood en 2006. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Dominique Pascal / Archives et collections

Retour au Mans avec Constantin

En 1952, après 15 ans d’absence, Peugeot revient aux 24 Heures du Mans. Depuis 1938 en effet, le constructeur sochalien ne s’était plus engagé officiellement dans l’épreuve sarthoise, préférant laisser des préparateurs privés aligner ses modèles dans cette course d’endurance réputée. En 1952 et 1953, la seule Peugeot au départ sera donc un coupé 203 modifié par Constantin. Alexis Constantin est surtout connu pour son compresseur qu’il conçoit à l’origine pour la 203, mais qu’il adaptera par la suite à d’autres voitures françaises. Les ateliers d’Alexis Constantin, installés à Montreuil, près de Paris, se sont engagés aux 24 Heures du Mans de 1951 à 1955. Lors de sa première participation, Constantin déclare forfait avant le départ. La voiture alignée est alors un dérivé de la Peugeot 203 Coupé dont le moteur est équipé du fameux compresseur de sa conception. Ce même modèle est engagé en 1952, mais il abandonne à la 15e heure (accident). L’année suivante, Constantin aligne une barquette construite sur une base de 203 Peugeot qui termine 25e au classement général. La Peugeot 203 Constantin des 24 heures du Mans de 1952 est un coupé surbaissé qui reprend la calandre du coupé Darl’Mat. Pour 1953, il s’agit du même modèle, mais avec quelques modifications de carrosserie. Le châssis n’a subi que peu de changements, il est toujours constitué d’une caisse autoporteuse en acier qui a été renforcée. La suspension avant est à roues indépendantes, tandis qu’à l’arrière, on trouve un essieu rigide. Les freins sont à tambours sur les quatre roues. Au niveau du moteur, Constantin a augmenté la cylindrée qui passe à 1 425 cm3 (contre 1 290 cm3 d’origine), en modifiant la course et l’alésage. Le bloc d’origine est en fonte, avec une culasse en alliage léger (Alpax) possédant des chambres de combustion hémisphériques. Avec l’adoption du fameux compresseur Constantin, qui souffle à basse pression (débit de 0,3 kg), la puissance est doublée. Ce qui permet au coupé Constantin d’atteindre la vitesse maximale de 160 km/h (115 km/h sur le modèle de série).

Malgré ses bonnes performances, la 203 Darl’Mat était peu engagée en course, à cause de son prix élevé, les pilotes amateurs lui préférant une berline de série préparée par leurs soins. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Dominique Pascal / Archives et collections

Darl’Mat le sorcier du Lion

Le nom d’Émile Darl’Mat est profondément associé à celui de Peugeot dans le domaine de la compétition. À l’instar d’Amédée Gordini pour Renault, il a ensorcelé les modèles de série du constructeur de Sochaux. Il a également produit des voitures de record comme le coupé 203 profilé de 1953. Concessionnaire Peugeot à Paris depuis 1923, il conçoit des versions sportives des modèles 302 et 402 avant la guerre. En 1949, il se lance dans la conception d’une version course de la paisible berline familiale 203 en procédant à une véritable refonte du modèle de série. La mécanique est retravaillée dans les ateliers parisiens du préparateur et grâce à un rabotage de la culasse, l’adoption de tubulures d’admission et d’échappement plus directes, ainsi qu’un deuxième carburateur Solex, la puissance de cette 203 « Spéciale Darl’Mat » passe de 42 ch à 50 ch permettant une vitesse de pointe de 140 km/h. Extérieurement, la carrosserie modifiée se distingue par un abaissement de la hauteur de 14 cm. En 1953, Darl’Mat porte la cylindrée du moteur à 1 425 cm3 et la puissance grimpe à 60 ch. L’idée d’Émile Darl’Mat est ensuite de construire un prototype profilé pour les 24 Heures du Mans et de l’engager également dans des tentatives de records du monde comme il l’avait fait précédemment avec succès avec un Roadster 402 en 1939 et un Coupé 202 en 1947 sur l’Autodrome de Montlhéry. Il est initialement prévu de construire trois exemplaires de ce prototype pour les 24 Heures du Mans de 1953, mais pour des raisons inconnues, il n’en sera finalisé qu’un seul exemplaire. 

Sur les 203 préparées pour la compétition, l’habitacle est spartiate et la planche de bord est dépourvue d’éléments superflus. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo ©  Dominique Pascal / Archives et collections

Peugeot 203 C (Coupé Constantin 24 H du Mans 1953)

• Moteur : Type TM, 4 cylindres en ligne, longitudinal avant

• Cylindrée : 1 425 cm3

• Alésage x course : 79 mm x 75 mm

• Puissance : 90 ch à 5 000 tr/mn

• Alimentation : carburateur Solex, compresseur Constantin

• Allumage : Magneto et dynamo

• Distribution : arbre à cames latéral, soupapes en tête

• Transmission : aux roues arrière, boîte de vitesses manuelle à 4 rapports + M.A.

• Pneumatiques : 155 x 400 AV, 155 x 400 AR

• Longueur : 435 cm

• Largeur : 161 cm

• Hauteur : 120 cm

• Empattement : 258 cm

• Voie avant : 132 cm

• Voie arrière : 132 cm

• Poids : 1 065 kg

• Vitesse maximale : 160 km/h

Le palmarès de la 203

Dès ses débuts en compétition, la Peugeot 203 a remporté de nombreux succès et ce, durant presque une décennie. Elle s’est ainsi imposée au classement général du Rallye Liège-Rome-Liège de 1950 (Dubois-De Cortanze), au Bol d’Or 1954 (Sigrand), au Rallye du Maroc 1955 (Deschaseaux-Marteau) et a terminé 2e au Rallye de Monte-Carlo 1954 (David-Barbier). Elle a de plus remporté sa catégorie au Liège-Rome-Liège (1950, 1955 et 1957), au Monte-Carlo (1953, 1954 et 1960), aux Mille Miglia (1953, 1954 et 1957), au Critérium Neige et Glace ( 1954 et 1955), au Safari Rally de 1954 ainsi qu’au Mobil Economy Run de 1958. Par ailleurs, une Peugeot 203 pilotée par Charles de Cortanze et André Mercier s’est illustrée en 1950 dans le fameux Raid Paris-Alger-Le Cap, soit 12 000 km parcourus en 17 jours.