Dans les années 1980, le centre de style Peugeot charge les designers Gérard Welter et Paul Bracq de concevoir des prototypes annonçant les grandes lignes des modèles à venir à Sochaux.

Dévoilées respectivement aux Salons de Paris de 1984 et 1988, l’Oxia et la Quasar sont des Concept Cars qui affirment les projets de la marque française en matière de design. Dans un contexte automobile mondial où de nombreux constructeurs présentent des prototypes restés souvent sans lendemain, Peugeot s’impose avec ces deux berlinettes éblouissantes. Leur succès vient en effet du fait que plusieurs éléments de ces études de style se retrouveront pour longtemps sur les Peugeot de série.  

Ce n’est véritablement qu’à partir des années 1980 que Peugeot se lance dans le développement de Concept Cars. Avec l’Oxia de 1984 et la Quasar de 1988, mais aussi la Proxima de 1986, le constructeur français a magistralement démontré ses capacités d’innovation et d’imagination. Fort logiquement, à cette même époque, PTS s’impose régulièrement en compétition internationale avec notamment les 205 et 405 Turbo 16 en rallye, puis la 905 en endurance. Ces dernières partageant plusieurs solutions techniques et esthétiques aux prototypes cités plus haut...

Les lignes sobres et élancées de l’Oxia, signées Gérard Welter, seront reprises pour les modèles de série de Peugeot durant plusieurs années.

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Conçue en deux mois

Le prototype Quasar a été imaginé au cours de l’été 1984 lorsque Gérard Welter et Paul Bracq décident  de laisser en suspens leurs études en cours pour se consacrer à un exercice stylistique leur permettant d’exprimer leur créativité sans la contrainte de la production en série. Leur idée initiale est la conception d’un coupé biplace aux lignes minimalistes autour de la mécanique de la 205 Turbo 16. La carrosserie, très légère, possède un habitacle entièrement vitré, y compris le toit, si bien que les passagers ont l’impression d’être dans une bulle. L’ambiance futuriste est accentuée par les deux portières s’ouvrant vers le haut, en élytre. À l’arrière, la mécanique est complètement apparente, dans un vaste espace surmonté d’un aileron aérodynamique. L’habitacle est entièrement habillé de cuir rouge, avec des moquettes bleues, l’ensemble tranchant avec le blanc immaculé de la carrosserie. La planche de bord, qui est comme suspendue à la console centrale, possède une instrumentation à affichage digital par cristaux liquides et un écran de guidage qui participent à l’esprit avant-gardiste se dégageant de ce prototype. Contrairement à l’Oxia, la Quasar n’a jamais connu la route et est restée un modèle d’exposition destiné aux salons.

L’habitacle de la Quazar, tout de cuir revêtu, dévoile un environnement technologique High-Tech développé en collaboration avec la société Clarion.

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Matériaux innovants

L’Oxia s’inscrit dans la mode des Super cars aux performances élevées proposées par de nombreux constructeurs à cette époque. Elle semble beaucoup plus adaptée que la Quasar à une production en série comme en témoignent son niveau de finition et sa fonctionnalité. Ses lignes signées Welter et Bracq se rapprochent par certains aspects de celles que l’on trouvera quelques années plus tard sur plusieurs modèles Peugeot. Le profil, particulièrement aérodynamique, est fluide et équilibré avec un  capot avant court et plongeant sur une calandre très épurée bordée par des phares à iode type H1. La partie avant du vaste pare-brise panoramique abrite 18 cellules photoélectriques alimentant l’ordinateur de bord. La courbe de l’habitacle vient mourir sur la partie arrière qui est surmontée d’un aileron mobile dont l’inclinaison varie selon la vitesse. La structure du châssis est constituée de panneaux type nid-d’abeilles en alliage d’aluminium collés et rivetés. L’ensemble est habillé d’une carrosserie en fibre de carbone et de kevlar alliée à de la résine époxy. Construite à seulement deux exemplaires, l’Oxia verra son développement arrêté par la crise de la guerre du Golfe en 1990.

L’avant de l’Oxia possède un becquet placé à 12 cm du sol qui comprend une large prise d’air chargée de plaquer la voiture au sol à haute vitesse.

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Des mécaniques d’exception

Pour équiper ces Concept Cars de nouvelle génération, Peugeot a choisi les moteurs les plus puissants et élaborés qui sont à sa disposition. Ainsi la Quasar reprend-elle l’ensemble mécanique de la 205 Turbo 16 de rallye présentée l’année précédente. Cet ensemble comprend le quatre cylindres en ligne Type XU 8T de 1 775 cm3 dont la puissance a été poussée à 600 ch, associé à une transmission intégrale à 5 rapports, tandis que chaque pont possède un différentiel autobloquant ZF à glissement limité. L’Oxia adopte quant à elle, tout comme la Proxima, le V6 PRV type ZN de 2 849 cm3 développé par Peugeot, Renault et Volvo depuis une décennie. Ce moteur ouvert à 90° et installé transversalement en position centrale arrière dispose d’un double turbo, d’un double arbre à cames en tête et de 4 soupapes par cylindre. Sa puissance est de 680 ch à 8 200 tr/min ce qui permet une vitesse maximale de 345 km/h. La transmission à 6 rapports manuels est intégrale, avec différentiel central et coupleur viscostatique. La liaison au sol est assurée par des pneumatiques Michelin MXX de 17 pouces et le freinage doit son efficacité à quatre disques ventilés de 327 mm de diamètre complétés par un système antiblocage ABR.

La calandre de la Quasar reprend les traits de la 205 lancée peu de temps avant, avec les barres horizontales épurées et les phares en amande.

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Des stylistes talentueux 

Les deux créateurs de la Quasar et de l’Oxia sont Gérard Welter (1942-2018) pour la carrosserie et Paul Bracq (né en 1933) pour les aménagements de l’habitacle. Le premier est entré au bureau des Études Peugeot de La Garenne-Colombes, dans les Hauts-de-Seine en 1960, puis est devenu le responsable du style extérieur de la marque en 1975 pour être promu directeur du Centre de style de 1998 à 2007. Parmi ses collaborations majeures, il y a la 205 et sa version course Turbo 16. Avant d’entrer chez Peugeot en 1974 comme responsable du design intérieur, Bracq a participé aux plus prestigieux programmes de Mercedes de 1957 à 1966, puis a dirigé le studio de design de BMW à partir de 1970. Chez Peugeot, il a travaillé sur tous les modèles allant de la 604 de 1975 à la 206 de 1998.

Références célestes

Pour sa série de Concept Cars produits dans les années 1980, Peugeot a choisi des noms évoquant l’astronomie. Ainsi, le quadrangle d’Oxia Palus désigne une région de la planète Mars, tandis que les quasars - raccourci de quasi-stellar en Anglais - sont les sources les plus lumineuses connues dans l’Univers, mille fois plus brillante qu’une galaxie, dont la découverte remonte à 1960. Quant au troisième prototype présenté en 1986, son appellation vient de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche de notre soleil. Par la suite, Peugeot n’utilisera plus jamais ce registre céleste pour désigner ses Concept Cars.