Porsche 924

Une nouvelle direction

En 1976, Porsche fait sa révolution culturelle en lançant un coupé à moteur quatre cylindres, installé à l’avant et refroidi par eau. Malgré les critiques, ce modèle rencontrera un franc succès.

La 924 est un maillon essentiel dans la généalogie des Porsche à moteur avant qui vont suivre, 928 et 944 notamment. À sa sortie, les réticences et les critiques sont pourtant nombreuses parmi les Porschistes purs et durs. Au regard de son architecture mécanique et de certaines solutions techniques adoptées, les fidèles de la marque de Stuttgart se demandent en effet si la 924 est vraiment une Porsche ou bien une Volkswagen rebadgée à l’instar de la 914 produite à la fin des années 1960.

La version Turbo (à droite) se distingue de celle de base par une calandre modifiée avec prises d’air supplémentaires et des jantes spécifiques. . © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / D.R.

L  ’histoire de ce modèle longtemps mal aimé commence dans le contexte économique et industriel difficile du début des années soixante-dix, auquel les constructeurs d’outre- Rhin n’échappent pas. En 1970, Volkswagen commande au Bureau d’études Porsche de Weissach la conception de la voiture qui doit succéder à la VW-Porsche 914. Le projet dénommé EA 425 en interne devait initialement être une Audi, mais au dernier moment le directeur général de Volkswagen Rudolf Leiding décide de supprimer ce modèle sportif du programme VW, craignant de ne pas atteindre un niveau de ventes suffisant. Porsche, qui cherche alors à élargir sa gamme vers le bas, saisit l’occasion et la 924 voit finalement le jour sous le nom de la firme de Stuttgart, tandis que sa fabrication est confiée à l’usine Audi-NSU de Neckarsulm.

Sur cette vue de la transmission Transaxle, on distingue les deux essieux comportant le moteur à l’avant et l’ensemble boite-pont à l’arrière, reliés par un arbre de transmission. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / D.R.

Une autre voie   

En 1972, Ferry Porsche et sa sœur Louise Pïech, les propriétaires de la marque de Zuffenhausen, décident d’en céder la direction au Docteur Ernst Fuhrmann, le père du moteur Carrera 4 arbres de la 356. Ce dernier pense que la 911 arrivera bientôt en fin de carrière et que les futurs modèles produits par Porsche AG devront délaisser l’habituel concept du moteur central arrière refroidi par air. À la même époque, le développement du projet 928, qui adopte le principe d’un moteur avant refroidi par eau, semble mettre l’avenir de la 911 sur la sellette. Ce concept a effectivement pour avantage d’offrir un vrai coffre à bagages et deux places à l’arrière de l’habitacle, ce qui est appréciable pour un coupé sportif de grand tourisme. Mais contre toute attente, la 911 va évoluer et poursuivre son parcours, avec le succès que l’on connaît. La 928, quant à elle, est provisoirement suspendue et ne sera lancée qu’en 1977. Chez Porsche on reste toutefois convaincu du bien-fondé d’un modèle de seconde gamme à côté de la 911 et en septembre 1975, la 924 est présentée au Salon automobile de Francfort, se voulant une 928 au gabarit réduit. Une ère nouvelle est désormais en marche chez Porsche.

La 924 marque une étape importante dans l’histoire du constructeur Porsche. Ici la version 924 Turbo lancée en 1978.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés.  Crédits photo © Porsche / D.R.

Une architecture originale 

mécaniques déjà existants sont réutilisés pour produire la nouvelle 924 en grande série comme le moteur et la boîte de vitesses de l’Audi 100, ou les trains roulants de la VW Sirocco et de la Coccinelle. La grande singularité dans la conception de la 924 réside dans son implantation mécanique peu courante et précédemment vu sur le prototype de la 928. Il s’agit de la transmission dite Transaxle qui consiste en un moteur longitudinal installé à l’avant, tandis que la boîte de vitesses et le différentiel prennent place au niveau de l’essieu arrière. Les deux éléments sont reliés par un arbre de transmission (diamètre de 20 cm) tournant dans un tube rigide. Ce système permet une répartition très équilibrée des masses, offrant ainsi à la 924 une motricité et une tenue de route optimale. La structure est de type coque autoporteuse et la carrosserie aux lignes particulièrement aérodynamiques a été dessinée sous la houlette du designer hollandais Harm Lagaay, qui a régulièrement dirigé le Bureau de Style de Porsche de 1989 à 2004. L’idée de Lagaay est de proposer un design moins radical que celui la 911, rendant la 924 accessible à une clientèle plus large. Force est de constater que le but a été atteint, car de 1976 à 1988, 151 711 exemplaires ont été produits, parmi lesquels 13 916 exemplaires de la version 924 Turbo et 16 669 exemplaires de la version 924 S.

La version 924 GTR à moteur 2 Litres de 275 ch a été construite à 17 exemplaires à partir de 1979 pour courir en Groupe 4. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / D.R.

Plusieurs versions

(125 ch et couple de 16,8 mkg à 3 500 tr/mn) de la 924 provient de chez VW/Audi, tandis que la culasse en aluminium et le haut moteur ont été conçus chez Porsche. La 924 2 Litres de base est dotée d’une boîte manuelle à 4 vitesses, mais une boîte automatique à 3 rapports est disponible en option. Pour 1978, une boîte manuelle à 5 vitesses fait son apparition et une version 924 Turbo est lancée. Son moteur type M31/1 conserve la même cylindrée mais la puissance passe à 170 ch à 5 500 tr/mn et le couple maxi est de 25 mkg à 3 500 tr/mn permettant une vitesse de pointe de 230 km/h. L’année suivante, une version Carrera GT de 210 ch complète la gamme. La deuxième principale évolution est l’arrivée de la version 924 S en 1986 qui succède à la 924 2.0. Son moteur de 2 479 cm3 est issu de celui de la 944  qui a vu le jour en 1982. Il développe 150 ch à 5 800 tr/mn pour un couple de 19,4 mkg à 3 000 tr/mn et une vitesse maxi de 215 km/h. Tout au long de sa carrière, la 924 se verra déclinée en éditions spéciales et limitées telles que Le Mans en 1980 et 1988, Weissach et Jubilée en 1981, ou encore Kenwood en 1983.

Fiche technique

Porsche 924 (1976)

• Moteur : type 047/8, 4 cylindres en ligne, longitudinal avant 

• Cylindrée : 1 984 cm3

• Alésage x course : 86,5 mm x 84,4 mm

• Puissance : 125 ch à 5 800 t/mn

• Alimentation : injection mécanique Bosch K-Jetronic

• Allumage : transistorisé Bosch

• Distribution : arbre à cames en tête, 2 soupapes par cylindre

• Transmission : type 088/6, aux roues arrière, manuelle à 4 rapports + M.A.

• Pneumatiques : 185/70 HR 14 (avant et arrière)

• Freins : disques à l’avant et tambours à l’arrière (double circuit hydraulique) 

• Longueur : 421,3 cm

• Largeur : 168,5 cm

• Hauteur : 127 cm

• Empattement : 240 cm

• Voie avant : 141,8 cm

• Voie arrière : 137,2 cm

• Poids (à vide) : 1 080 kg

• Vitesse maximale : 204 km/h

La 924 en course

La nouvelle gamme Porsche 924 va poursuivre la tradition de la marque de Zuffenhausen, qui consiste à maintenir un lien étroit entre la production de voitures «civiles» et celles destinées à la course. En 1979, à l’initiative de l’ingénieur et pilote «maison» Jürgen Barth, la 924 commence à être engagée en rallye. Malgré une victoire de catégorie au Rallye d’Australie, les dirigeants de Porsche ne veulent pas s’engager officiellement dans cette discipline à l’époque et seuls les clients de la marque pourront courir avec la 924 de Groupe 4 (Grand Tourisme). Aux États-Unis, qui est un important marché pour Porsche, la 924 D est engagée en SCCA (Sports Car Club of America) dont elle remporte le championnat Tourisme en 1980. Cette même année, trois 924 Carrera GT d’usine sont engagées aux 24 Heures du Mans où elles réalisent un très bon résultat avec une 6e place au classement général pour l’équipage Jürgen Barth-Manfred Schurti, les deux autres voitures terminant 12e et 13e.

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