PORSCHE 908/02 Spyder 1969

L’année 1969 semble devoir être une année « sans » pour Porsche : la nouvelle 917 à moteur 12 cylindres de 5 litres a besoin de mises au point et la précédente 908 à 8 cylindres n’a pas encore donné son maximum malgré les nombreuses améliorations qui, même en tenant compte du nouveau règlement technique du Groupe 6 (voitures prototypes de 3 litres maximum), a été à l’origine de la 908/02, un spider plus léger et moins fragile que la première version coupé. Puis, comme par magie, la barquette s’accroche. Avec une spectaculaire victoire aux 6 Heures de Brands Hatch, elle entame une ascension qui mènera la marque de Zuffenhausen à la victoire dans le championnat du monde des Sport-Prototypes.

Si Porsche remporte en 1969 le championnat international des Sport-Prototypes (le futur championnat du monde des voitures de sport), le mérite en revient à deux voitures : la 908/02 et la 908 LH, la version « queue longue » de la 908/01 qui s’est illustrée en course aux 1000 km de Monza et de Spa. Au début, tous les types de Porsche sont à la peine, au point que les premières épreuves semblent confirmer la suprématie des Ford, entamée seulement par la performance de la Lola T70 MK 3B qui remporte les 24 Heures de Daytona. À Brands Hatch, le potentiel de la 908/02 explose : trois barquettes « courtes » prennent les trois premières places avec le duo Jo Siffert/Brian Redman qui précède Vic Elford/ Richard Attwood et Gerhard Mitter/Udo Schütz, en se portant au niveau des Ferrari 312 PB et des Ford GT40.

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L’ascension débute alors. À Monza, Siffert et Redman s’imposent avec la 908 LH coupé. Puis c’est la victoire dans la Targa Florio avec Mitter et Schütz qui précèdent Elford/Maglioli et deux autres 908/02. Siffert et Redman remportent les épreuves suivantes, à Spa‑Francorchamps et au Nürburgring, la première au volant d’une 908 LH et la seconde d’une 908/02.

Le championnat est déjà solidement tenu par la marque allemande car le classement final ne prend en compte que les cinq meilleurs résultats de la saison et Porsche a engrangé cinq succès consécutifs. Le coup de tampon final arrive donc deux courses plus tard, à Watkins Glen, après la décevante parenthèse du Mans : en France, Porsche est encore contrainte de céder devant la Ford GT 40 de Jacky Ickx et Jackie Oliver, tout en inscrivant une deuxième place avec la 908 « longue » de Hans Herrmann et Gérard Larrousse, battus littéralement d’un cheveu. Cette fois, sur le circuit américain la 908/02 des « habituels » Siffert et Redman domine devant deux autres voitures identiques, célébrant de la meilleure manière possible la conquête du titre marquée dans la dernière manche, les 1000 km de Zeltweg, du sceau du premier championnat mondial pour Sport-Prototypes. Pour l’histoire, le lendemain de la victoire aux 6 Heures de Watkins Glen, l’équipage helvético-britannique obtient sur cette même piste la sixième place de la manche comptant pour le championnat Can-Am, qui sera encore dominé pendant des années par les McLaren et les Lola – précisément jusqu’en 1972, quand les 917/10 de George Follmer et Mark Donohue interromperont le long règne des voitures anglaises.

À la fin des années 1960 et au début des années 1970, chez Porsche les noms de Jo Siffert, Suisse natif de Lausanne, et de l’Anglais Brian Redman sont devenus familiers. Le pilote suisse, dont la carrière s’achèvera tragiquement sur un accident fatal en Formule 1 en 1971, apporte à la marque allemande quelques-uns de ses meilleurs résultats dans plusieurs disciplines entre 1966 et 1971, y compris deux victoires au Mans et une à Daytona. Avec Brian Redman, Siffert forme un équipage victorieux qui, en 1970, remporte la Targa Florio et signe une belle deuxième place avec la 917 K à Watkins Glen, à quelque secondes de leurs collègues et rivaux Leo Kinnunen et Pedro Rodriguez. Redman signe aussi quatre victoires aux 1000 km de Spa, dont deux (1969 et 1970) avec Jo Siffert.