Porsche 906 Carrera 6 1966

La 906 est un météore dans l’histoire des Porsche de course parce qu’elle représente le chaînon qui unit la 904 aux modèles ultérieurs que sont les 910, 907, 908 et 936. Créée en vue de faire évoluer la 904/6 à moteur six cylindres, en développant soit le moteur lui-même, soit la structure du châssis, elle doit affronter des rivales comme la Ferrari Dino V6. Sa gestation lui impose de concourir dans deux catégories car pour sa première saison, 1966, elle est engagée d’abord en Prototypes, tant que les 50 unités exigées pour être homologuée en Sport ne sont pas produites. Cette reconnaissance à peine obtenue, le premier exploit officiel de la 906 est la victoire dans la Targa Florio 1966.

La 906, appelée aussi Carrera 6 en référence au moteur six cylindres, débute aux 24 Heures de Daytona 1966 où la voiture officielle se classe 6e absolue et première de la catégorie deux litres en s’imposant aussi face à la Ferrari Dino 206 P. La nouvelle voiture, dont les effectifs augmentent rapidement, obtient des résultats comparables avec des victoires de catégorie aux 12 Heures de Sebring comme aux 1000 km de Monza puis au Nürburgring. Fin avril, la production des 50 exemplaires nécessaires pour l’homologation en catégorie Sport est achevée si bien que Porsche peut participer au championnat international des constructeurs, réservé aux Sport-Prototypes du Groupe 6, etau championnat international pour voitures de sport du Groupe 4. La 906, que son moteur deux litres classe dans le premier tableau du Groupe 6 (les « moins de deux litres ») et dans celle, intermédiaire, du Groupe 4 (de 1,3 à 2 litres) peut donc s’engager dans ces deux championnats.

Pourtant, à la Targa Florio la dizaine de voitures présentes sur la grille de départ sont toutes des Sport, réparties entre celles de l’écurie officielle et celles des équipes privées. Les adversaires sont les habituelles Ferrari et, d’abord, la 330 P3 des détenteurs du trophée, Lorenzo Bandini et Nini Vaccarella qui doivent abandonner à deux tours de l’arrivée à cause d’une erreur de Bandini qui se traduit par une sortie de route. Juste derrière eux deux 906 les talonnent, mais celle qui passe la ligne d’arrivée la première n’est pas une « officielle » ; c’est la n° 148 de l’écurie suisse-allemande Filipinetti, qui en a confié le volant au Belge Willy Mairesse et à l’Allemand Herbert Müller. Le duo s’impose nettement devant la Ferrari Dino 206 S de Jean Guichet et Giancarlo Baghetti, qui eux-mêmes précèdent de peu la Porsche 906 « officielle » d’Antonio Pucci et Vincenzo Arena.

[AU MANS, EN 1966, la 906 s’impose dans deux catégories]

Peu de temps après, une véritable armée de 906 prend part, toujours dans les deux catégories, aux 24 Heures du Mans où les équipages composés de Jo Siffert/Colin Davis et de Günter Klass/Rolf Stommelen se classent premiers dans leur catégorie respective (Prototypes jusqu’à 2 litres et Sport de  1,3 à 2 litres) en finissant quatrièmes et septièmes, mais surtout premiers et derniers d’une armada de quatre 906. La carrière du modèle se poursuit pour se terminer dans les premières années 1970 avec d’autres succès dont les 1 000 km de Suzuka 1967 remportés par les Japonais Shintaro Taki et Kenjiro Tanaka.

La carrière en endurance du Belge Willy Mairesse (ci-dessous) s’entrecroise avec celle, moins brillante, vécue en Formule 1 : en monoplace, surtout des Ferrari, il totalise une dizaine de départs entre 1960 et 1965, avec comme meilleur résultat une troisième place à Monza lors de sa première saison. Avec les voitures Sport, avant de gagner la Targa Florio, il remporte une troisième place à Monza en 1959 et deux deuxièmes places : une aux 24 Heures du Mans 1961 (avec Mike Parkes sur Ferrari 250 TRI) et une aux 12 Heures de Sebring 1963. Sa carrière s’arrête en 1968 au Mans après un grave accident dont les séquelles le mènent au suicide l’année suivante. Pour le Suisse Herbert Müller, l’endurance se révèle aussi meilleure que la Formule 1, qui ne le retient qu’une seule saison. Les plus grandes satisfactions viendront des 24 Heures du Mans où il arrive deuxième absolu en 1971 et en 1974 sur Porsche 917 et 911 RSR et premier (de catégorie) en 1979 avec Angelo Pallavicini et Marco Vanoli sur Porsche 934.